Les processus de conception et de concertation autour des projets urbains font désormais souvent appel à des maquettes numériques et à des représentations virtuelles qui servent de médiation entre les intentions initiales des responsables des projets, et les formes anticipées encore incertaines des futures constructions et des aménagements urbains. Les images de synthèse et les parcours virtuels qui en sont extraits ont un rôle essentiel dans ces processus car ils déterminent très largement l’acceptabilité des projets. Réalisés pour séduire, ils projettent les parties prenantes du projet dans des ambiances virtuelles généralement idéalisées et souvent improbables, celles d’un printemps permanent, au ciel bleu et la végétation luxuriante, parfaitement silencieux, peuplées de personnages fantomatiques triés sur le volet.
Au regard des enjeux climatiques, énergétiques et sociaux attachés au renouvellement urbain, l’hypothèse qui sous-tend le présent projet de recherche est que les représentations virtuelles doivent aujourd’hui être en mesure de restituer une expérience moins idéalisée de l’ambiance urbaine en projet. Nous pensons en particulier que ces expériences doivent être « saisonnalisées », c’est-à-dire parcourables dans différentes conditions climatiques saisonnières qui déterminent les qualités des formes urbaines : sous un soleil frais de printemps (cas typique actuel), mais aussi sous la chaleur accablante de l’été, sous une pluie d’automne en fin de journée, sous un froid gris d’hiver, etc. Nous pensons également que ces maquettes de médiation devraient pouvoir rendre compte des phénomènes physiques non visibles qui sont induits par les formes construites : les effets du vent autour des bâtiments et dans l’espace urbain, les ombres dynamiques et le rayonnement thermique, les sons diffusés dans l’espace, etc. Ces différents effets doivent sortir du volet technique de la maquette réservé aux spécialistes de physique urbaine, pour faire partie de l’expérience partagée autour du projet, accessible à tous les acteurs impliqués.
Dans cette perspective, nous avons lancé plusieurs travaux de recherche visant à suggérer des ambiances particulières dans des maquettes virtuelles de projets urbains. Une thèse à soutenir fin 2014 pose des bases solides pour une méthode de suggestion climatique à travers des filtres visuels dont l’effet est contrôlé par des expériences perceptives. Pour approfondir ces travaux initiaux, la recherche proposée ici aurait pour finalité de mettre en œuvre de nouvelles techniques de suggestion d’ambiances urbaines dans les environnements virtuels qui seraient à même de coupler plusieurs canaux sensibles : la suggestion de la chaleur et de la fraicheur, déjà mis en évidence dans la thèse précédente, mais aussi la suggestion du vent et des transitions microclimatiques dans les parcours urbains. Les moyens utilisables pour ce faire sont liés aux images et à l’environnement sonore. Ils peuvent s’inspirer de l’art, du cinéma, de la bande dessinée, ou de tout autre mode d’expression à même de produire des codes de représentation d’ambiances partagés.
L’objectif général de la thèse sera donc de produire et d’évaluer en conditions réelles un dispositif virtuel de suggestion de sensations climatiques dans un environnement 3D immersif pour faciliter la participation du public autour d’un projet urbain. Le/la candidat(e) devra donc être à même produire des représentations interactives de maquettes numériques dans un contexte d’immersion visuelle et sonore, de comprendre les processus de production de la forme urbaine et les outils de simulation associés ainsi que de mener des expériences de perception dans des conditions contrôlées.
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